La philosophe Gabrielle Halpern a participé à une table-ronde organisée par l'Agence Erasmus +, aux côtés de Mélanie COQUELIN (Responsable de la Cellule Compétences, Recherche, Innovation, Onisep) et Kathleen LAPIE (Coordinatrice, Centre national Euroguidance Luxembourg).
"Il est urgent de développer l’hybridation au sein des entreprises, car la division du travail, - dogme sur lequel reposait le monde du travail depuis des décennies -, a montré ses limites et ses dangers, en provoquant un appauvrissement, un rétrécissement et une absurdité des métiers. Adam Smith nous avait promis que cela augmentait la productivité, - soit dit en passant, il n’avait rien inventé, car Platon, des siècles avant lui, disait que l’« on fait mieux une chose lorsque chacun ne fait qu’une seule chose » -, sauf que les travailleurs, - et plus particulièrement les jeunes générations -, comprennent que ce que l’on gagne en productivité, on le perd en sens et en temps avec une difficulté terrible à se coordonner et à partager des informations", Gabrielle Halpern
Les jeunes générations, à qui l’on reproche d’être infidèles et de passer d’un métier à un autre, sont en train de remettre en question la division du travail et d’inventer l’hybridation du travail. Elles n’ont aucun mal à être des « centaures », c’est-à-dire à avoir un pied dans plusieurs mondes. À charge pour elles de creuser véritablement chacun de ces mondes, - et non de les explorer superficiellement -, si elles veulent les transformer… Non seulement l’hybridation des carrières, des compétences, des métiers, des parcours, des activités, des statuts, des fiches de poste va permettre aux salariés d’être plus épanouis et de retrouver le sens de leur travail - et cela sera un facteur d’attractivité des entreprises dans leur recrutement -, mais en plus, cette hybridation va permettre de faire entrer de nouvelles compétences, de nouveaux profils, de nouveaux procédés de fabrication ou de production, de nouvelles manières de travailler au sein des entreprises. Au lieu d’être enfermée dans son métier, dans son secteur, dans sa culture, l’entreprise va enfin s’ouvrir aux autres secteurs, à d’autres horizons, à des méthodes et dispositifs issus d’autres univers professionnels que les siens et cette ouverture d’esprit lui permettra d’être plus créative et innovante, plus accueillante envers des alliés potentiels pour imaginer de nouveaux produits, services, méthodes, modèles organisationnels et partenariats inédits. De quoi être plus forte lorsqu’un prochain virus covid-19 ou un prochain virus informatique arrivera…", Gabrielle Halpern
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