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Radio RCJ: « Nouveau Premier Ministre, nouveau gouvernement et remaniement : Pour une nouvelle philosophie de l’action publique »

Dernière mise à jour : 22 oct.


Cette chronique est présentée par Gabrielle Halpern chaque mardi dans le journal de 12h sur la Radio RCJ et vous offre un regard philosophique sur l'actualité.


« A quoi sert l’action publique ? A répondre aux besoins des citoyens ? A anticiper leurs besoins? A transformer leurs besoins? A construire les conditions de vie des citoyens ? Cette question est d’autant plus difficile à résoudre que les citoyens constituent une catégorie complexe.


Il est d’ailleurs intéressant d’observer un usage moins fréquent du terme de citoyen depuis plusieurs décennies, au profit de termes qui s’inscrivent dans d’autres logiques : contribuable, habitant, usager, bénéficiaire, travailleur, riverain, électeur, consommateur. Chaque terme désigne là aussi l’une des facettes du citoyen, - l’une de ses temporalités également -, provoquant alors un risque de conflits et de contradictions : ce qu’un consommateur veut peut être contradictoire avec ce que souhaite un travailleur, de la même manière qu’un citoyen et un riverain peuvent avoir des intérêts divergents…


Ces différentes nuances laissent également croire qu’il s’agit d’une distinction d’avec le citoyen, alors que tous ces termes, - contribuable, habitant, usager, bénéficiaire, travailleur, riverain, électeur, consommateur -, font tous partie de ce que signifie être un citoyen.


Les nouvelles politiques publiques doivent donc être des politiques publiques hybridant ces différentes manières d’être citoyen, au lieu de jouer sur leur distinction, leurs contradictions et leurs conflits potentiels. Penser la santé indépendamment de l’éducation ; le travail indépendamment du logement ; le logement indépendamment de la mobilité, etc. risque de mutiler les enjeux et de créer des politiques publiques au mieux inefficaces, au pire aux effets particulièrement pervers, avec la création de nouvelles fractures. Comment hybrider les politiques publiques ?

 

Chaque projet, chaque initiative, chaque politique publique, chaque service public doit être évalué à l’aune de sa capacité d’hybridation avec d’autres projets, initiatives, services, politiques publics. Cela signifie que l’action publique a un rôle créatif : on attend d’elle qu’elle imagine le dépassement des injonctions contradictoires auxquelles sont soumis les citoyens, comme les territoires. La véritable question à se poser face à un programme politique n’est donc pas tant de savoir à quel parti ou courant idéologique il appartient, mais plutôt quel degré d’hybridation entre les mondes (industrie, société, territoire, culture, agriculture, artisanat, numérique, etc.), il est parvenu à imaginer et s’engage à mettre en œuvre. Cela suppose de renouer avec l’idée d’imagination et de la considérer comme une véritable valeur politique.

 

C’est à l’aune de son degré de créativité à concevoir de nouveaux projets de transport, de développement d’énergies, de services publics pluriels, d’événements fédérateurs, etc. que l’action publique devra être jugée. C’est l’imagination en tant que valeur politique retrouvée qui formera la base d’un sentiment d’appartenance renouvelé de la part des citoyens ».



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