@DR Guillaume Blancon/Cniel
Alors que le Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière, - le CNIEL -, fête ses 50 ans, la philosophe Gabrielle Halpern a été invitée à intervenir devant les parties prenantes de la profession réunies à l'occasion, à Paris. Elle a partagé sa vision de l'agriculture et son regard sur son présent et son avenir.
"Il est tout de même bizarre que ces hommes qui se sont donné du mal pour fabriquer la nourriture que tu manges, les vêtements que tu portes ou la maison que tu habites, toutes ces choses essentielles pour ta vie, soient tous de parfaits inconnus", écrivait l’auteur japonais Genzaburô Yoshino dans le livre Et vous, comment vivrez-vous ?, publié en 1937… Depuis cette année, la situation s’est-elle vraiment améliorée ? Il semblerait au contraire que ce contact perdu dans la chaîne de valeur perdure et que les agriculteurs soient malheureusement encore de parfaits inconnus", Gabrielle Halpern
"En réalité, la crise que nous traversons n’est pas seulement économique, financière, sociale, écologique, institutionnelle, territoriale ou politique ; ce que nous vivons, c’est avant tout une crise de notre rapport à la réalité, comme si les liens avaient été rompus entre la nature et la société, entre les agriculteurs et les consommateurs. Combien d’enfants pensent-ils que les carottes râpées poussent dans les placards ? Il suffit de se rendre au Salon de l’agriculture pour le constater chaque année : si ce Salon annuel n’existait pas, beaucoup de gens n’auraient pas vu une vraie vache de leur vie", Gabrielle Halpern
"L’agriculture n'est pas un secteur comme un autre, j'ose même dire qu'elle n'est pas un "secteur"; elle constitue un miroir de la société, de ses failles, de ses angles morts, de ses contradictons aussi. Elle constitue un microcosme, un condensé de questions fondamentalement humaines et c'est pourquoi je m'y intéresse tant en tant que philosophe: elle pose la question de notre rapport à la terre, à l'animal, à notre prochain, mais aussi celle de notre rapport à ce que l'on maîtrise et ce que l'on ne maîtrise pas, celle de notre rapport à l'incertain et à l'inconnu...", Gabrielle Halpern
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