Aux côtés de Bernard-Henri Lévy, Michel Crépu, Fabrice D’Almeida, Jérémy Sebbane, Alexis Lacroix, Perrine Simon-Nahum, Fanny Ardant, Elisabeth Badinter, Jean-Paul Enthoven, Edgar Morin ou encore Bénédicte Perdriel, la philosophe Gabrielle Halpern a été invitée à participer au numéro de la revue La Règle du jeu consacrée à André Malraux. Faisant un lien entre la pensée de ce dernier et la philosophie de l'hybridation, elle est revenue sur le rôle et l'avenir des musées.
"L’être humain est terriblement décevant. Chaque jour nous en apporte la preuve : il n’apprend absolument rien de l’Histoire avec sa grande hache, pour reprendre les mots de Georges Perec, et s’il excelle dans le progrès technique et technologique, il semble tourner en rond pour ce qui est du progrès moral. La haine, la jalousie, la méchanceté, la violence, la médiocrité ; tout cela demeure aujourd’hui, comme il y a trois siècles, comme il y a six siècles, comme il y a dix siècles, comme si toute amélioration de ce que nous sommes était impossible. Il y aurait de quoi désespérer du genre humain… Mais ce serait oublier André Malraux ! En effet, dans son ouvrage Le musée imaginaire publié en 1947, ce penseur protéiforme nous rappelle une chose précieuse : « le musée est un des lieux qui donnent la plus haute idée de l’homme ». Diabolique, vil, mesquin, grossier, lâche et vaniteux, l’être humain parviendrait-il à se sauver par l’art ?", Gabrielle Halpern
"Avec cet ouvrage, André Malraux nous invite à une réflexion sur le musée, comme écrin et comme miroir de ce que l’humanité peut forger de plus beau. Il ne s’agit pas seulement d’un simple lieu de conservation des œuvres d’art, mais aussi d’un espace mental qui nous confronte à tous les temps, à tous les regards, à toutes les expériences, à toutes les contradictions, à toutes les intimités et à toutes les tentatives de l’être humain de se dépasser. Un lieu imaginaire qui réunit à la fois la possibilité de l’immanence la plus mystérieuse et de la transcendance la plus foudroyante. Si, comme l’explique[1] Günther Anders, il n’y a pas de « coïncidence » entre l’homme et la nature comme les autres animaux, l’humanité a besoin d’un autre monde, fait à sa main. Le musée représenterait alors, dans une perspective malrucienne, cet autre monde, nous permettant de nous sentir un peu moins étrangers sur cette terre", Gabrielle Halpern
[1] Günther Anders, « L’humain étranger au monde », Editions Fario, 2023, p. 16.
Pour lire la suite et acheter le numéro de la revue La Règle du Jeu: https://laregledujeu.org/revue/n82/
Comments