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Interview croisée entre Philippe Diallo, Président de la FFF et Gabrielle Halpern, Philosophe, dans Le Journal du Dimanche, à l'occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024

Dernière mise à jour : 9 août


A l'occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, la philosophe Gabrielle Halpern et le Président de la Fédération Française de Football, Philippe Diallo ont accordé une interview croisée au Journal du Dimanche.


Quel est le rôle du sport dans la société? Le sport peut-il aider à dépasser nos fractures? Comment mieux s’inspirer des valeurs sportives à l’école? Le sport a-t-il une fonction civique? Comment le sport pourrait-il aider à nourrir notre citoyenneté? Les Jeux Olympiques peuvent-ils être un levier de réconciliation de notre société?  - Interview réalisée par Jean-François Pérès.


"Alors que les Jeux olympiques servaient originellement à honorer les morts ou les dieux, il est peut-être temps aujourd’hui de les considérer comme une manière d’honorer les vivants et les humains. Le sport est après tout le reflet de nos forces et de nos fragilités : contrairement aux robots, nous sommes confrontés à la peur, à la douleur, à l’émotion… Ne sont-ce pas ces imperfections qui fondent toute la beauté du sport et qui le rendent si poignant ?", Gabrielle Halpern


"Si le sport peut souvent être un reflet des fractures de notre société, de notre difficulté à ne pas nous ranger les uns les autres dans des cases - les femmes, les hommes, les seniors, les jeunes, les personnes en situation de handicap, etc. -, il peut aussi constituer l’un des leviers de réconciliation de notre pays, pour peu qu'il sorte d'une forme d'entre-soi et irrigue réellement tous les domaines de nos vies", Gabrielle Halpern

"Aujourd'hui, on réfléchit peu à ce qu'est la citoyenneté, à ce que cela signifie d'être un citoyen. On pourrait avoir le sentiment qu'une société est une chose tout à fait naturelle, mais c'est faux. Être un citoyen au sein d'une société, d'un contrat social, n'a rien de naturel, cela s'apprend. La citoyenneté a quelque chose d'artificiel, comme le rappelle le philosophe Jean-Jacques Rousseau: elle repose sur des conventions. C'est là qu'il peut être intéressant d'établir un parallèle entre la citoyenneté et ce qui se joue dans le sport, en particulier au sein d'une équipe dans un sport collectif. Quand un être humain fait partie d'un contrat social, d'une société, il en accepte les règles, l'ordre et les rites qui en émane, et ce faisant, il devient un citoyen. Il renonce à un certain nombre de choses en vue de bénéficier d'autres choses. Dans une équipe sportive, la situation est presque similaire : le respect de soi et de l'autre, le fair-play, la fiabilité, l'ordre établi par les règles apportent un cadre et contribuent à créer une forme de contrat moral entre les membres de l'équipe. Le sport peut être considéré comme une sorte de "classe préparatoire" de la citoyenneté, où l'on fait l'apprentissage de règles, d’une discipline, d’une interdépendance, d'une conscience du collectif", Gabrielle Halpern


La philosophe Gabrielle Halpern publie le 18 septembre le livre "Créer des ponts entre les mondes - Une philosophe sur le terrain" (Fayard, 2024).




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