La philosophe Gabrielle Halpern a participé à l'émission Les Vraies Voix de l'Emploi sur Sud radio, animée par Philippe David et Cécile de Ménibus, aux côtés de Sylvie Bracquemond, Responsable des Politiques Sociales RH Disneyland Paris et de Rohan Gougé, Directeur du Capital Humain, Groupe Korian.
"Le terme « inclusion » est devenu omniprésent, mais qui sait que ce nom commun est dérivé du latin inclusio, qui signifiait « emprisonnement »[1] ? Cela renvoyait à la réclusion de l’ermite ou du moine… Or, aujourd’hui, lorsque l’on parle d’inclusion, on l’entend au sens d’intégration.
Mais quand un enfant naît dans une famille, est-ce vraiment d’inclusion, d’insertion ou d’intégration dont on parle? Non! Et pour cause : quand un enfant naît, il métamorphose tout : les rapports de force, les identités de chacun ou encore les interactions entre les parties prenantes. Il n’y a pas intégration, insertion ou inclusion… Il y a hybridation[2] ! C’est-à-dire qu’il y a une rencontre, qui conduit chacun à sortir de lui-même. Si nous prenons l’image du Centaure, - figure de l’hybridation par excellence -, c’est précisément ce qui s’est joué : l’humain et le cheval ont dû faire un pas de côté pour créer cette tierce-figure fédératrice qu’est le centaure. Oui, il n’y a rencontre que lorsqu’il y a métamorphose de toutes les parties.
Je me suis entretenue avec des chefs d'entreprise qui ont recruté des personnes en situation de handicap; ils m'ont expliqué que leur présence avait transformé tous les autres membres de l'équipe, y compris le mode de management, et cela avait bénéficié à tous les salariés, y compris ceux qui n'étaient pas en situation de handicap. Le recrutement de personnes en situation de handicap n'est pas seulement une "bonne action", il permet de transformer en profondeur les collectifs et d'améliorer les conditions de travail de tous!
Au lieu de parler d’une société inclusive, nous devrions plutôt parler d’une société hybride, puisqu’il s’agit non pas seulement d’inclure tous ceux qui sont différents, physiquement et mentalement, mais de créer les conditions d’une rencontre permettant une métamorphose réciproque", Gabrielle Halpern
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